Affaire Bukanga Lonzo-Matata Ponyo, Kin Kiey lève un coin de voile
Bruxelles, le 17 mai 2021
La Rédaction
Tryphon Kin Kiey Mulumba, Professeur d’Université, Editeur du Journal « Le Soft International » a publié un communiqué de presse le 13 mai 2021 ayant trait à l’affaire Bukanga Lonzo. Une ombre apparaît dans le dossier : Matata Ponyo, ancien Premier Ministre et actuellement sénateur… Plus qu’une ombre ! Accrochez-vous convenablement à votre siège.
Document.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU PROF. TRYPHON KIN-KIEY MULUMBA (VERSION OFFICIELLE).
L’affaire Bukanga Lonzo ou comment le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba se sauva à Berlin de l’oracle du Premier ministre Augustin Matata Ponyo
Maintenant que le couvercle de la marmite commence peu à peu à être enlevée dans l’affaire Bukanga Lonzo avec le rejet par des ministres Matata de toute responsabilité dans ce scandale d’une décennie congolaise faillie, alors qu’on mobilise la planète contre l’Inspection Générale des Finances, qu’on cherche à traumatiser son Inspecteur Général-Chef de Service Jules Alingete Key – un vrai Antonio Di Pietro de la Mani pulite – pour l’abattre quand ils font un travail de salut public, je souhaite déclarer que d’une part, mes ennuis avec l’ancien Premier ministre qui m’avait sélectionné et recruté après une interview, avec un autre candidat malheureux aujourd’hui Vice-Premier ministre, en ses bureaux du ministère des Finances, ont commencé avec mon arrivée au ministère des Télécommunications, le 28 avril 2012 même s’il n’avait pas réussi à me révoquer étant entré avec lui le même jour au Gouvernement et sorti le même jour avec lui du Gouvernement, près de cinq ans plus tard, quand il en avait fait partir allègrement des Vice-Premiers ministres et des ministres clé.
Je déclare que tous les contrats fibre optique et autres avaient été signés par mes prédécesseurs et par le ministre des Finances Augustin Matata Ponyo Mapon.
Et ce projet fibre optique avait échoué après sa surfacturation (plus de 12 millions de $US pour l’érection du Point d’atterrage de Muanda quand il n’en fallait que 3 millions) et après qu’un individu ait retiré, en espèces, en pleine journée, sur simple présentation de permis de conduire, 3 millions de $US au guichet de la banque BIAC en faillite aujourd’hui et empoché cette somme partagée par la mafia.
Le Président d’alors Joseph Kabila ordonna à son conseiller spécial en matière de sécurité Pierre Lumbi Okongo d’ouvrir une enquête criminelle qui aboutit à l’arrestation de trois des complices jetés aussitôt au cachot au CNS et contraints au remboursement de cette somme volée.
Dans le groupe de cette association des malfaiteurs : des noms dont Augustin Matata Ponyo Mapon, un pasteur Daniel Ngoy Mulunda, alors président de la CENI, la Commission Électorale Nationale Indépendante, le D-G de la SCPT, un diplomate étranger.
Voilà pourquoi Joseph Kabila très furieux avait mis le Premier ministre Matata hors circuit de ce Point d’atterrage même le jour de son inauguration, le 8 juillet 2013 à Muanda, à l’embouchure du fleuve, ne traitant le dossier qu’avec le ministre des PTNTIC qui réussit l’incroyable miracle par l’usage du fouet contre l’entreprise italienne qui avait reçu les fonds de l’Etat, la pressant de réaliser le nouvel ouvrage selon les normes internationales dictées par les maîtres d’ouvrage sud-africains et français qui certifièrent enfin l’ouvrage et donnèrent le go du lancement.
Le Point d’atterrage Muanda est et reste une fierté nationale même si le départ des câbles jusqu’à Kinshasa avait posé problème et continue de poser problème pour ses malfaçons mais, à nouveau, les contrats avaient été offerts par le ministre Matata et ses collègues du Gouvernement, bien avant mon arrivée au ministère, à des Chinois à l’époque fortement protégés, et réalisés bien avant ma nomination même si j’ai tenté sans succès, car trop protégés, de faire refaire les travaux.
Malgré qu’il ait combattu ce projet fibre optique, certainement parce que confié à ce stade par Kabila à un homme à l’esprit libre et indépendant, le Premier ministre décidait, au retour de Muanda, de créer un compte séquestre ouvert dans une banque commerciale, où étaient versés tous les fonds générés par l’usage de ce réseau par les entreprises des télécommunications, et géré directement par la Primature.
Les courriers officiels existent…
L’IGF de tous les espoirs devrait pouvoir ouvrir ce dossier fibre optique et entendre aujourd’hui ce groupe de criminels.
Mon autre conflit majeur que j’ai eu avec mon Premier ministre : c’est mon refus de signer à Berlin, devant lui, face à moi, au siège berlinois de Siemens, un contrat des centaines de millions de € portant sur un projet d’informatisation des services publics de l’Etat.
Alors que je transitais à Bruxelles venant d’une mission officielle à Dubaï, un coup de fil d’un officiel de la Primature m’avertissait que j’allais être « enbeded » dans l’avion du Premier ministre pour Berlin, depuis Bruxelles où il était arrivé la veille, sans savoir ce que j’allais faire dans la Capitale allemande plutôt que de regagner Kinshasa où m’attendaient des dossiers d’Etat.
Quelle ne sera pas ma surprise quand le lendemain, à Berlin, le protocole me réveille pour me prier de prendre place, à bord d’une exceptionnelle limousine Mercedes, la direction de la firme allemande Siemens où la délégation officielle congolaise conduite par le Premier ministre, qui comptait notamment son ami et mentor ministre des Transports et Communications Justin Kalumba Mwana Ngongo et son directeur de protocole, est arrivée pour 07:00’ pour le petit déjeuner.
Au menu du petit déjeuner, le Premier ministre m’adressa un oracle : signer ce contrat devant la Haute Direction de Siemens et des personnalités politiques allemandes de haut rang proches de la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel qui avait invité le Chef du Gouvernement congolais.
Calmement, et avec des mots exceptionnellement choisis, j’expliquais à l’assemblée réunie dans une sorte de salle de classe, dans cette cité Siemens, dans la banlieue de Berlin, la procédure légale à suivre : inviter éventuellement des représentants qualifiés de Siemens à venir concourir à Kinshasa avec d’autres entreprises, soumettre les dossiers aux commissions interministérielles et, enfin, espérer aller au Conseil des ministres.
Ce fut un tremblement de terre que j’assumais. La rupture entre nous.
Et, je comprends aujourd’hui dans quel piège tendu certains de mes collègues sont tombés dans ce dossier de Bukanga Lonzo avec le ministre le plus concerné en charge de l’Agriculture Jean-Chrysostome Vanamuwiti Mukesyayira qui vient de diffuser un communiqué chargeant littéralement l’ex-Premier ministre.
Mais le meilleur pour moi fut la finale : alors que la firme française Orange faisait disparaître des centaines de millions de $US, que par un savant système de minoration de ses déclarations d’appels, que les usagers congolais étaient siphonnés, et que le régulateur avait proposé au ministre une pénalité légale de plusieurs millions de $US contre l’opérateur français prêt à débourser la somme, le Premier ministre fit venir à Kinshasa le PDG français très fortuné d’Orange Stéphane Richard, donnant ordre d’annuler la pénalité privant le Trésor public d’un fonds important, après un tête-à-tête avec celui qui fut le Directeur de cabinet de Mme Justine Lagarde, mêlés sous Sarkozy dans un scandale qui n’en finit pas, celui dit du Crédit Lyonnais-Bernard Tapie.
Je comprends pourquoi il en récolta quelques phrases de Mme Lagarde lors d’un séjour, à Washington, au siège du Fonds Monétaire International.
L’expérience dans cette équipe gouvernementale que j’avais nommée celle des Surdoués – du moins Matata-1 – qui me conduisit à deux reprises à remettre en mains propres ma démission au Premier ministre refusée après notamment le gros incident de « Je mange, tu manges, il mange, nous mangeons » à l’Assemblée Nationale – vaut un livre.
En attendant, un mot à ceux qui se soucient des criminels économiques dont nos chefs religieux catholiques passés à l’Université privée Mapon à Kindu pour vanter des œuvres, de revoir dans l’urgence leurs copies en laissant l’Inspection Générale des Finances et la justice de notre pays faire chacune son travail.
« Tout ce qui brille n’est pas or ».
Kinshasa, 13 mai 2021.