Rétro. 17 mai 1997… AFDL, quel bilan? Quel héritage?

Rétro. 17 mai 1997… AFDL, quel bilan? Quel héritage?

Bruxelles, le 17 mai 2021

par Cheik FITA

17 mai 1997, 17 mai 2021, cela fait 24 ans que l’AFDL, Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (du Congo) était entrée à Kinshasa, chassant au passage Mobutu du pouvoir. 

Maintenant que cette page est tournée avec l’arrivée au pouvoir d’un ex-opposant de longue date, quel regard sur l’intrusion de l’AFDL dans la marche de la RD Congo? 

Ci-dessous un billet que nous avions rédigé il y a trois ans, ainsi que sa version audio sur YouTube.

17 mai 1997-17 mai 2018, progrès ou gâchis ?

Le 17 mai 1997, les soldats de l’AFDL, Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo entraient à Kinshasa, accueillis en véritables libérateurs par la population kinoise.

21 ans après, quel bilan ceux qui avaient chassé Mobutu peuvent-ils présenter au peuple congolais ?

Ont-ils fait mieux ou pire que Mobutu ?

 

La RD Congo a-t-elle progressé ou reculé ?

Le peuple est-il content de ceux qui sont au pouvoir ?

Du point de vue social,

Face aux données ci-après, les tombeurs de Mobutu peuvent-ils pavoiser ?

  • Le chômage n’a pas été vaincu, bien au contraire, surtout dans les grandes villes et spécialement dans la capitale Kinshasa.
  • L’accès à l’énergie électrique a reculé. Kinshasa la capitale vit de plus en plus dans le noir.
  • Aucun progrès dans l’accès à l’eau potable. Même les infrastructures héritées de Mobutu se sont détériorées.
  • L’enseignement a reculé. Les diplômes universitaires congolais sont de moins en moins reconnus à l’étranger, malgré le grand essaimage au niveau national d’institutions d’enseignement supérieur. La bourse d’études jadis accordée aux étudiants par l’ état a disparu. Peu de parents parviennent à scolariser leurs enfants.
  • L’accès aux soins de santé ne s’est pas amélioré. Des maladies jadis éradiquées ont réapparu.
  • L’accès au logement est toujours problématique. En 21 ans, ceux qui ont les manettes de l’état n’ont pas réussi à créer des logements sociaux.
  • Le transport est toujours un casse-tête, surtout à Kinshasa.

Du point de vue culturel,

  • L’état congolais n’a pas réussi à construire des infrastructures culturelles pour permettre à l’art congolais de s’épanouir. Pas de salle de cinéma, pas de salle de théâtre. Le palais du peuple à Kinshasa qui aurait dû être un haut lieu de productions culturelles a été pris en otage par les institutions politiques. De même à Lubumbashi la deuxième ville du pays, la salle du cinquantenaire a été transformée en parlement provincial alors qu’en réalité, elle est une salle de théâtre.
  • Dans le chef-lieu de nouvelles provinces, aucune infrastructure culturelle digne de ce nom n’a été construite.
  • L’état ne subventionne aucun festival,
  • Les prix littéraires et artistiques sont inexistants,
  • Malgré le succès international de la musique congolaise, l’état n’est pour rien dans ce rayonnement. A l’ère du numérique, l’état n’a rien prévu pour défendre et protéger les droits des artistes congolais.
  • Le livre congolais est toujours un parent pauvre. Quelles sont les maisons d’édition mises à la disposition des écrivains ? Quelle a été la politique pour l’éclosion et la découverte de nouveaux talents ? Quels sont les grands écrivains des 21 dernières années qui ont été dévoilés au public  grâce aux « libérateurs »? Qu’a fait l’état-post Mobutu  pour que la littérature congolaise émerge ?
  • Les arts du spectacle que sont le théâtre, les ballets, les exhibitions folkloriques n’ont connu aucun coup de pouce de l’état, aucune subvention. Le Théâtre National de la RD Congo qui sillonnait jadis le monde a été délaissé. Même les troupes théâtrales privées qui réussissaient à sortir du pays le font de moins en moins. Le révolution numérique n’a pas été mise à contribution pour la promotion de la culture congolaise.
  • Avec le très grand nombre de tribus en RD Congo, il aurait dû y avoir de plus en plus de musées pour la conservation de notre héritage culturel. 21 ans après le départ de Mobutu, où la RD Congo en est-elle ?

Du point de vue économique,

Un chiffre :  la RD Congo a un budget annuel de 5 milliards de dollars. Vous avez bien lu. Moins que le budget de la plupart des villes européennes.  Quelques exemples :

  • Bruxelles : 5.508.000.000 euros
  • Genève :  1.195.911.066 francs suisses
  • Paris : 8 .469 millions d’euros
  • Jakarta : 5,2 milliards de dollars
  • New York : 70 milliards de dollars.

A se poser des questions : où va l’argent du coltan, du pétrole, de l’or, du diamant, du bois, du colbalt, du cuivre.. ?

Du point de vue politique et administratif

La plus grande richesse d’un pays, ce sont les hommes, les citoyens. Dans tous les pays du monde, l’état recense sa population et délivre une carte d’identité à chaque citoyen. 21 ans après le départ de Mobutu, l’état congolais est toujours incapable de délivrer une carte d’identité aux citoyens.

Du pouvoir issu des urnes.

La gestion d’un état se fait à plusieurs niveaux : Local, urbain, provincial, national.

A l’issue de la rencontre de Sun City en 2002, il avait été décidé d’organiser les élections générales en 2005, au plus tard en 2006. le processus électoral devait commencer par la base pour se terminer par la présidentielle.

Il n’y eut pas d’élections locales en 2006. 21 ans après le départ de Mobutu, il n’y en a toujours pas eu. Ainsi, depuis le départ de Mobutu, il n’y a toujours pas eu un seul élu local en RD Congo. Bien au contraire, les dirigeants locaux sont nommés par le sommet.

A propos des mandats.

Il y eut en 2006 élections des députés provinciaux qui élirent à leur tour en 2007 des gouverneurs pour un mandat de cinq ans soit jusqu’en 2012. Et après ? Plus rien. Qui gouvernent actuellement les provinces congolaises ?

En 2011, il y eut des élections législatives, quoique fortement chahutées. En 2012, le parlement fut installé pour 5 ans.

Depuis 2017, il n’y a plus de parlementaires détenant un mandat valide du peuple.

Faut-il parler du sénat qui a battu tous les records de l’illégitimité ? Elus  en 2007 pour 5 ans, onze ans après, toute honte bue, les « sénateurs » siègent toujours. Une véritable escroquerie politique.

En 2011, il y eut élection présidentielle. Selon la CENI, Joseph Kabila avait gagné et était donc devenu Président pour cinq ans. Oui, pour cinq ans. Pas un jour de plus, pas une minute de plus. Le 19 décembre 2016, le mandat présidentiel issu des urnes avait pris fin.

Entre la fin de mandat du Président et aujourd’hui, une magie toute congolaise s’est produite : Le Président qui aurait dû partir en 2016 est toujours là ! Et… Il n’y a toujours pas eu d’élections.

Ainsi, il trône à la tête de la RD Congo des individus  qui se disent, qui ministre, qui Premier ministre, qui député, qui Président.

Avec quel mandat ?

Par rapport à la situation qui prévalait le 17 mai 1997 à la chute de Mobutu, ses successeurs ont-ils fait mieux ? Ont-ils rendu le Congolais plus heureux ? Ont-ils transformé le Congo en un pays où il fait bon vivre ?

17 mai 1997-17 mai 2018, y a-t-il eu progrès ou gâchis ?

Bruxelles, le 17 mai 2018

Cheik FITA

 

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