Venin du tribalisme en RD Congo, politiciens et médias en « jaune »

Bruxelles, le 24 octobre 2021

Par Cheik FITA

La publication du  décret d’investiture du nouveau Président de la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante en RD Congo a éclipsé le compte-rendu de la vingt-cinquième réunion du conseil des ministres congolais du vendredi 22 octobre 2021.

Pourtant plusieurs points abordés dans cette réunion méritaient toute l’attention compte tenu de leur portée  sociale, humanitaire, sécuritaire, de cohésion nationale…

Dans le désordre on peut citer:

  • La situation qui prévaut dans le secteur de l’éducation avec la signature d’un Arrêté interministériel favorisant la reprise des négociations entre le Gouvernement et le banc syndical de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique,
  • La décision de la suppression de la perception de la taxe « RAM » pour tous les téléphones de deuxième génération. Décision qui concerne 75% des abonnés,
  • La protection et la prise en charge des personnes vivant avec handicap,
  • La campagne de dénigrement et démobilisation de l’armée,
  • La résurgence du fléau du tribalisme dans la communauté nationale.

Des problématiques qui doivent d’urgence être abordées et éradiquées, si les Congolais veulent qu’un jour leur pays émerge et concurrence les grandes nations du monde qui n’ont toutes comme premier capital, le capital humain.

En ce qui est du venin du tribalisme qui a été le deuxième point abordé par le Chef de l’Etat dans sa communication, il peut se résumer ainsi :

Du constat.

Dans le compte-rendu de la réunion on pouvait lire : « ce fléau refasse surface et qu’il soit de plus en plus véhiculé dans des chants et actes posés lors des manifestations et/ou à travers les réseaux sociaux notamment par certains acteurs politiques.

«  Les médias sont l’un des canaux majeurs utilisés pour faire germer la semence du tribalisme dans l’esprit et les cœurs des compatriotes.»

Ainsi, les principaux acteurs sont les hommes politiques, et leurs canaux de diffusion et d’amplification sont les médias et les réseaux sociaux.

Le constat est-il réel ?

Oui.

Le recours au tribalisme quoique souvent subtil, est-il profitable aux politiciens qui l’utilisent ?

Oui, il leur permet de recruter des adhérents naïfs, grâce au recours à la fibre tribale, et au populisme,

Le recours au tribalisme est-il profitable aux médias qui le diffusent ?

Oui.

Cela leur permet de faire le buzz, et le buzz engendre du fric ou de l’audimat, grâce à un grand audimat, on vend plus cher ses espaces publicitaires et cela rapporte du fric.

Le fléau du tribalisme est-il profitable à la nation ?

Non.

Le premier résultat : c’est la division, le deuxième, c’est la haine. Aucune nation ne peut évoluer dans la division et dans la haine entre ses membres !

Quelle solution ?

Le Chef de l’Etat a proposé :

  1. De lutter contre ce fléau et de le dénoncer publiquement.
  2. Une « campagne de sensibilisation sur la cohésion et l’unité nationale telle qu’entreprise par le ministre Près le Président de la république »

Il est vrai, beaucoup de gens glissent souvent sur le tribalisme sans s’en rendre compte et un jour ils se retrouvent diffusant des propos du genre « radio des mille collines »… Et c’est souvent trop tard.

Il est donc nécessaire d’informer, d’éduquer, d’attirer l’attention des fautifs sur ce risque.

  1. Le recours à la loi, la sanction

Que dit la loi en la matière ? 

Déjà en 1966, il y a plusieurs décennies, il avait été publié l’ordonnance loi n°66-342 du 07 juin 1966 portant répression du racisme et du tribalisme. : « –    les auteurs des déclarations tribales répondent de leurs actes devant les instances judiciaires. ».

Il faut « ouvrir des enquêtes judiciaires à l’encontre de toute personne ou groupe des personnes qui secouent la fibre tribale à des fins séparatistes. »

« L’instruction a également été donnée au Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières, ainsi qu’à l’Agence Nationale de Renseignement d’identifier les auteurs de ces dérapages. Et de mettre en garde tous les acteurs politiques qui se complaisent dans ces mauvaises pratiques afin de les mettre à la disposition de la justice. Le Ministre de la Communication et Médias a, quant à lui, été invité par le Président de la République à réguler son secteur dans une approche participative pour lutter contre ce fléau.»

 

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