Billet. Guinée : la peste ou le choléra ?

Kinshasa, le 7 septembre 2021

Par Cheik FITA

En Guinée, Alpha Condé a été renversé par un coup d’Etat militaire le dimanche 5 septembre 2021. Un de ses grands  péchés ? Avoir tripatouillé la constitution afin de s’offrir un troisième mandat et demeurer au pouvoir.

L’opposition guinéenne devrait-elle se réjouir d’avoir été débarrassé d’un tripatouilleur de constitution ?

Non. Ce n’est pas le rôle de l’armée. Pire, cela s’accompagne d’une  accession au pouvoir par les armes !

Si le colonel Mamady Doumbouya, (c’est ainsi que s’appelle le nouvel homme fort de Guinée)  peut affirmer avoir débarrassé la Guinée de la peste, qu’est-ce qui garantit que lui-même n’apporte pas au peuple guinéen le choléra ?

L’histoire africaine postindépendance est suffisamment jalonnée de cas d’ « Hommes forts » arrivés au pouvoir par les armes et qui s’y sont ensuite cramponnés durant des décennies.

Le colonel Mamady Doumbouya ne vient pas d’inventer la roue. Il est desservi par d’illustres prédécesseurs.

Il se murmure qu’il  y aura un gouvernement d’union nationale. Mauvaise idée.

Pourquoi ?

Qui inviter autour de la table ? Pour quelles ambitions ? Il n’y a pas d’unité de mesure entre les partis politiques.

Ensuite, le nouvel « homme fort » de Guinée pourrait progressivement « revêtir le costume » de chef politique : Les honneurs, les privilèges… L’appétit venant en mangeant, l’idée de briguer la présidence germera dans son esprit… Et ce sera parti pour avoir un Président de la République issu de l’armée.

Est-ce bon ?

Non.

La politique aux politiciens,  l’armée aux militaires. Pas un pied dans l’armée, un  pied dans la politique.

Solution ?

Le colonel Mamady Doumbouya devrait obligatoirement:

  • Mettre en place un gouvernement de transition composé de technocrates,
  • Fixer une transition de douze à vingt-quatre mois pour organiser les élections,
  • Libéraliser la vie politique en permettant à chaque parti politique de s’organiser et battre campagne en temps voulu,
  • S’engager à remettre le pouvoir aux civils après la transition.

Si le colonel Mamady Doumbouya se plie à ces quatre obligations minimales :

  • Il entrera dans l’histoire de son pays par la grande porte,
  • Il contribuera à insuffler aux partis politiques guinéens un comportement davantage républicain.
  • Il accroîtra la confiance du peuple guinéen en son armée.

 

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