Billet. CENI 2021, un « Nangaa » bis à la tête?

Kinshasa, le 1er août 2021

Cheik FITA

En observant la saga de la désignation du futur Président de la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante, on a l’impression que l’enjeu est celui de ne pas avoir un Corneille Nangaa bis.

D’où le cabrage de la CENCO et de l’ECC d’une part, et l’entêtement des autres confessions religieuses de l’autre.

Qui a tort, qui a raison ?

D’entrée de jeu, certaines questions doivent être tranchées, au risque de s’embourber dans des querelles de clocher.

Les élections de 2023 seront-elles un chaos à l’image de celles de 2011 ou de 2018 ?

Non !

La CENI 2021 sera-t-elle plus indépendante que celle de Nangaa ? Oui.

Quelque soit le candidat qui sortira ? Oui.

Le processus électoral 2021-2023 sera-t-il plus transparent que celui de 2018 ? Oui.

Le successeur de Nangaa aura-t-il autant de champs de manœuvres que ce dernier ?

Non.

Sera-t-il en mesure de flouer tout le monde ?

Non.

Pourquoi? Et pourquoi alors ce semblant de blocage ?

La CENI sous Joseph Kabila

Amnésie ou subjectivité dans l’approche, beaucoup de personnes semblent oublier que l’ancien Président Joseph Kabila n’était pas un enfant de chœur. C’était un potentat.

Sous Joseph Kabila tout devait aller dans le sens de la volonté du Raïs. Il y avait très peu de places à la discussion et à la démocratie. La façon dont les confessions religieuses se réunissent aujourd’hui est empreinte de beaucoup de liberté.

Les confessions religieuses, mieux, la CENCO, composante des confessions religieuses, a-t-elle oublié comment Joseph Kabila les avait roulés dans la farine lors des accords de la Saint-Sylvestre ? Ce n’était pas peu comme déconfiture politique.

Sous Joseph Kabila, bien avant d’amorcer ce genre de conciliabules, le Raïs s’assurait que le futur président lui obéirait au doigt et à l’œil. Feu Malu Malu a été Président de la CEI de part la volonté de Kabila pour ses deux mandats. Idem pour Ngoie Mulunda et Corneille Nangaa.

Pour 2021, les confessions religieuses ont eu un champ de manœuvre plus grand. Même si selon certains, il y a eu ci et quelques « menaces », rien à voir avec les oukases de Joka.

Penser que Félix Tshisekedi c’est Joseph Kabila bis, est une grande erreur. De là, faire des projections sur l’avenir, est risqué.

C’est deux personnalités totalement différentes, deux parcours différents deux idéologies différentes. Pourquoi ne pas en tenir compte ? Hélas, certains continuent à rabâcher des affirmations comme si Fatshi était égal à Joka. C’est ennuyant et quelque peu nauséabond des moments.

Une autre donne parfois ignorée, c’est la réappropriation du processus par le peuple congolais.

Comment peut-on subitement ignorer que les élections de 2018 sont en grande partie le résultat de la pression populaire ?

Prend-t-on le commun des Congolais pour des naïfs ? Pense-t-on que les millions d’anonymes congolais qui suivent cette piètre saga n’ont pas une opinion ? Qu’ils ne savent pas ce que sont les élections ? Qu’ils ignorent ce que pourrait leur apporter de bonnes élections ?

Qu’ils sont là, juste pour consommer les arguments et analyses souvent à l’emporte-pièce de certains médias ou hommes politiques en mal de sensation et ou de positionnement ?

Ne sait-on pas que la plupart des Congolais ont une opinion bien précise des dividendes que génèrent de bonnes élections ?

Certes, il y a eu des erreurs, des dérives, des couacs dans les processus précédents. Les Congolais ne le savent-ils pas ? Ils le savent. Sont-ils disposés à les revivre ? Non.

Feront-ils tout pour que les prochaines élections soient améliorées par rapport aux précédentes ?

Oui.

Le peuple congolais est le souverain primaire. Il est attentif, et il veille à son bonheur. Il connaît  son bonheur. Lors du processus électoral 2021-2023, ce serait une grave erreur que de ne pas tenir compte des aspirations profondes du peuple congolais de mieux vivre sur la terre de ses ancêtres, une terre qui a tout, mais dont il ne profite pas encore comme il se doit, du fait de certaines pesanteurs, dont des élections approximatives.

Que les « princes » de l’église intègrent  la donne « peuple congolais ». Les choses seront plus simples. In fine, le peuple congolais sera la sentinelle du processus électoral.

Concomitamment avec l’arrivée de Fatshi à la tête du pays, le peuple congolais a conquis un grand pan de liberté. Et cette liberté  permet au peuple congolais d’être plus efficace dans sa quête d’un Congo où il fait bon vivre. Et dans le cas du processus électoral, ne pas en tenir compte, serait une erreur. Et présentement, la saga « Président de la CENI » est en plein dans cette erreur. Dans le contexte actuel, le choix des dirigeants de la prochaine CENI, est plus un problème de règles que d’hommes. Le successeur de Corneille Nangaa ne sera pas un Nangaa bis, quel qu’il soit. Le peuple congolais ne lui concédera pas ce privilège.

Vivement donc la fin de cette saga.

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