Le Prix Nobel Dr Mukwege chez Tshisekedi : « Un TPI pour la RD Congo, une CENI et une Cour constitutionnelle indépendantes »

Le Prix Nobel Dr Mukwege chez Tshisekedi : « Un TPI pour la RD Congo, une CENI et une Cour constitutionnelle indépendantes »

Le Prix Nobel Dr Mukwege chez Tshisekedi : « Un TPI pour la RD Congo, une CENI et Cour constitutionnelle indépendante »

Par Cheik FITA

Reportage Rachel Kitsita

Bruxelles-Kinshasa, le 9 novembre 2020

Dans le cadre des consultations initiées par le Président Félix Tshisekedi, le Prix Nobel Congolais de la Paix en 2018, le Dr Denis Mukwege a été reçu par le Chef de l’Etat.

A sa sortie, Docteur Mukwege a donné un bref condensé de ce dont il a parlé au Président congolais.

Ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration devant la presse.

Dr Mukwege.

« Nous venons d’être reçus  par le Président de la République, considérant la situation qui prévaut dans notre pays, considérant également que notre pays vient d’une crise profonde, où les crimes contre l’Humanité, les crimes de guerres ont été commis et en plus de cela, c’est un conflit qui a été le plus meurtrier après la seconde guerre mondiale,

Ceci a eu des conséquences désastreuses sur le plan social, sur le plan économique, et également sur le plan sécuritaire en République Démocratique du Congo.

Nous avons profité de cette occasion pour présenter au Président de la République notre point de vue par rapport à cette crise à répétions que nous connaissons.

Aujourd’hui, il est clair que pour sortir de cette situation, il faut absolument que nos dirigeants fassent une rupture avec les antivaleurs qui caractérisent aujourd’hui notre pays. La rupture avec des pratiques de corruption,

La rupture avec un système de gouvernance qui a conduit notre pays dans ce chaos,

Et surtout la rupture avec toutes les personnes qui ont commis des crimes de violation graves des des Droits humains, des crimes de sang, mais aussi des crimes économiques.

Ça c’est le premier point

La rupture avec le passé doit se faire pour pouvoir commencer à penser à un avenir meilleur.

Le deuxième point découle du premier. Les crimes ne peuvent pas rester impunis puisque en fait finalement, les criminels continuent à insécuriser l’Est de  notre pays et ainsi insécurisent toute la République. Donc il faut une lutte contre l’insécurité. Et cette lutte contre l’insécurité passera par la mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping.

Ici je vais préciser : nous parlons du rapport Mapping. Mais il y a nécessité de faire une deuxième cartographie qui va permettre d’inventorier tous les crimes qui ont été depuis 2003 à ce jour. Puisque ces crimes continuent. Donc ces recommandations sont très très importantes puisque parmi ces recommandations, il y a la recommandation d’une justice transitionnelle.

La justice transitionnelle inclura des mécanismes de poursuite et de jugements internationaux mais également nationaux.

Mais ici nous devons insister sur le fait que les poursuites devront être judiciaires et extrajudiciaires. Je pense spécialement à toutes ces femmes qui sont aujourd’hui exclues de leurs communautés puisqu’elles ont été violées.

Nous savons très bien d’en République Démocratique du Congo les femmes sont très respectées, et le fait de les avoir humiliées en publique a entrainé une exclusion sociale.

Je crois que parmi  les mécanismes que nous devons inclure dans la justice transitionnelle, nous devons avoir des mécanismes coutumiers qui permettent à ce que les femmes qui ont été exclues du fait d’avoir été violées, et ces viols qui font que ces femmes soient considérés comme devenues impropres dans la société,

Qu’elles puissent subir des traditions qui leurs permettent de réintégrer la communauté.

La troisième chose que nous avons demandée au Président de la République, c’est qu’il s’implique personnellement, et que ce soit lui qui soit le porte-flambeau de cette lutte contre l’impunité, spécialement  en demandant au Secrétaire Général de l’ONU Mr Antonio Guterres de s’adresser au Conseil de Sécurité pour la mise en œuvre d’un tribunal Pénal International pour la RD Congo.

La dernière question que nous avons abordée, ce se sont les réformes institutionnelles.

Notre pays ne décollera pas, son décollage sera toujours hypothétique si on n’a pas des réformes courageuses, mais aussi des réformes ambitieuses qui vont permettre à ce que nous ayons une armée, une police, un service de renseignement… L’ensemble de la sécurité tout à fait apolitique et professionnelle.

En ce qui concerne la justice, nous avons également besoin d’avoir la Cour constitutionnelle et la CENI, tout à faits apolitiques. C’est capital.

Je crois que ça c’est capital. Quand vous voyez toutes les crises que nous connaissons, c’est puisque que chacun veut absolument contrôler les institutions pour se maintenir au pouvoir.

Si nous avons des institutions qui sont apolitiques, neutres, professionnelles, chacun pourra faire prévaloir ses capacités de pouvoir gouverner, et ne pas compter sur une hypothétique fraude.

Voilà ce que nous avons pu aborder avec le Président de la République.

Question :

En clair, la rupture avec le passé passe aussi par la fin de la coalition CACH-FCC ?

Dr Mukwege

S’il y a dans la coalition des personnes qui ont commis des crimes, je pense que la coalition ne doit pas être une espèce d’oasis qui cache les criminels. Les crimes contre l’Humanité nous concernent tous. Ces crimes sont imprescriptibles.

Je ne suis pas juge. Si vous êtes dans la coalition, et que vous avez commis des crimes, vous devez répondre de vos crimes.

Je crois qu’aujourd’hui nous avons un avantage, nous avons un Président qui n’a pas trempé dans ces crimes. Au moins ça  nous avons une certitude. Mais s’il y a dans la coalition des gens qui malheureusement ont commis des crimes de sang ou des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre, il faudrait absolument … Et ces crimes sont imprescriptibles. Donc qu’on ne se fasse d’illusions, on peut avoir un temps de grâce, mais un temps viendra où il faudrait qu’il y ait justice pour  les morts congolais.

Question

Prix Nobel 2018, notable du Kivu, votre point de vue sur la question Minembwe.

Dr Mukwege

Je pense que cette question « Minembwe » ne devrait pas nous préoccuper. Puisque je crois que c’est une distraction. Dès lors que nous avons une justice transitionnelle, un Tribunal Pénal International pour la RD Congo, la question de Minembwe sera résolue.

 

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